Napoleons laatste levensjaren

48    NAPOLEONS LAATSTE LEVENSJAREN

ne voulut permettre d’autres honneurs que ceux qu’on allait rendre a 1’ex-Empereur comme général, ce titre mettant tout ce qui est militaire au même niveau de gouvernement a gouvernement. Les gardes de la marine anglaise attendaient en bataille sur la poupe avec ordre de présenter les armes, et aux tambours de faire trois roulements, salut d’usage pour tout officier général dans le service britannique. Ma chaloupe joignit le Northum-berland peu de minutes après avoir quitté le Bellérophon. Notre tillac était couvert d’officiers et même d’une foule d’individus de toute classe, que la curiosité avait amenés. La chaloupe portait — outre 1’objet de 1’attention générale — lord Keith et sir Qeorge Cockburn, le maréchal Bertrand qui avait partagé toutes les chances de fortune de 1’Empereur son maitre, et les généraux Montholon et Gourgaud, qui avaient été ses aides de camp et en conservaient le titre.

A 1’approche de la chaloupe, on distingua sur le champ la figure de Napoléon, que tout le monde reconnaissait pour 1’avoir vue, toujours trés ressemblante, étalée aux vitrines des mar-chands d’estampes. A 1’arrivée, il régna un silence universel, et a la poupe, oü etaient en bataille les gardes-marine, et sur le tillac, oü étaient les officiers. Tous les spectateurs avaient une contenance grave mais étonnée, ce qui, dans mon opinion et dans celle de bien d’autres, n’ajoutait pas peu a ce que eet événement avait d’importance.

Le comte Bertrand monta a bord le premier, il s’éloigna de quelques pas pour faire place a celui qu’il ne cessa de regarder comme son maitre, et a qui il rendait toujours les hommages respectueux qu’il lui croyait dus. Tout 1’équipage était dans une attention extraordinaire; personne ne respirait. Lprd Keith sor-tit le dernier de la chaloupe, et je ne puis mieux faire, pour vous donner une idéé juste de 1’attention exclusive qui se con-centrait sur la figure et sur la personne de Napoléon, que de vous assurer que personne de nous ne regardait le moins du monde Lord Keith, quelque haute que fut sa dignité dans 1’ar-mée navale, tout amiral qu’il était de la flotte du Canal, en grande tenue, et revêtu de tous ses ordres. On ne voyait que Napoléon.

Bonaparte monta lentement a bord, et, quand il eut pris pied sur le tillac, il salua en ótant son chapeau : les gardes de la marine lui présentèrent les armes, et le tambour battit. Les officiers du Northümberland se tenaient en avant, la tête nue;